Octobre 2006 - n°2
La révolution des dispositifs
jetables en bioproduction : ALCIMED fait le point
www.alcimed.com
Pour ALCIMED, société de conseil et d’aide
à la décision en Sciences de la Vie et Chimie, les ruptures
technologiques concernant les technologies jetables de production des
biomédicaments sont en passe de modifier profondément
les pratiques de bioproduction actuelles des biopharmas, des biotechs
et des CMOs.
Environ 50% des nouveaux médicaments commercialisés aujourd’hui
sont issus des biotechnologies.
Outre les coûts de R&D plus élevés que pour
les molécules issues de la chimie pharmaceutique classique, l’une
des problématiques majeures à laquelle sont confrontées
les sociétés qui développent des biomédicaments
est leur coût de production. En effet, la construction d’une
unité de bioproduction pour des lots commerciaux représente
en moyenne un investissement de 300 à 500 millions d’euros
et nécessite entre 3 et 5 ans - du début des travaux à
la qualification de l’usine pour la mise en opération.
De ce fait, il existe aujourd’hui un clivage entre les grandes
sociétés biopharmas, disposant de leurs propres capacités
de bioproduction, et les sociétés de biotech ou biopharma
de taille plus réduite qui n’en disposent pas et dépendent
donc fortement des CMOs (Boehringer Ingelheim, DioSynth, Lonza et DSM
sont parmi les leaders européens).
Au-delà de cette distinction infrastructurelle, tous les acteurs
sont aujourd’hui dans une dynamique de réduction des investissements
ou des coûts directs liés à la production de leurs
biomolécules.
Le développement de technologies jetables représente en
ce sens une perspective séduisante : ces dispositifs‘single
use’ permettent d’éviter les étapes de nettoyage
tout en prévenant les risques de contamination croisées
et d’alléger les phases de requalification de la chaîne
de production après chaque process. L’économie totale
réalisée par le transfert d’une chaîne de
production «inox» à une chaîne de production
plastique est évaluée à plus de 30% avec les technologies
actuellement disponibles.
Par contre, la construction d’une unité de bioproduction
complètement constituée de dispositifs jetables ne semble
pas encore possible à ce jour. Même si, depuis une dizaine
d’années, les tuyaux à base de silicone commercialisés
par Saint-Gobain ou CPT sont largement employés dans les centres
de production, le développement de bioréacteurs (pour
la production via des cellules mammifères type CHO) et de fermenteurs
(pour la production via des cellules microbiennes type E.Coli) jetables
est encore en cours.
L’innovation porte aussi aujourd’hui sur le développement
de «systèmes intégrés» alliant filtres,
tuyaux et poches. Stedim, Pall, Millipore et tous les acteurs du domaine
explorent activement ces axes de développements et de nombreuses
collaborations sont conclues entre ces acteurs OEM, à l’image
du partenariat de Sartorius avec TC Tech pour proposer des systèmes
poches/filtres complètement assemblés avec des cassettes
jetables de micro- et ultra-filtration.
Le développement de poches souples jetables pour le stockage
des milieux de culture ou des solutions tampons est aujourd’hui
achevé avec un marché dominé par Hyclone (USA)
et Stedim (France). Mais la mise au point d’une poche agitante
entièrement jetable destinée à l’expression
des protéines recombinantes ou des anticorps monoclonaux s’avère
plus ardue et de nombreux acteurs multiplient les développements
: la technologie Levtech de Sartorius et TC Tech, ainsi que le système
X-Mix d’ATMI se composent d’une poche souple jetable et
d’un système d’agitation non jetable, celle d’Hyclone
baptisée MixTainer serait, à la différence, complètement
jetable.
Des bioréacteurs partiellement jetables de 500L sont aujourd’hui
commercialisés par Wave Biotech par exemple, alors que des fermenteurs
de cette taille n’ont jusqu’à ce jour pas fait la
preuve de leur efficacité du fait notamment des contraintes plus
fortes concernant les vitesses d’agitation requises. Des développements
technologiques plus poussés concernent l’élaboration
de bioréacteurs jetables à haute densité dans lesquels
les cellules mammifères seraient cultivées sur lits fixes
et qui permettraient ainsi de décupler le rendement total de
production. De tels bioréacteurs ont notammentété
développés par Artelis, une société de biotech
belge, jusqu’à une taille de 100L. Par ailleurs, pour la
phase aval de la production, Pall et Sartorius ont notamment commercialisé
des dispositifs de chromatographie par échange d’ions jetables,
aujourd’hui d’un prix élevé, mais qui devraient
à terme permettre une économie de solution tampon et un
gain du débit des produits à filtrer.
Les systèmes de chromatographie par affinité de protéines
restent encore au stade du développement.
«A moyen terme, il devrait être possible pour des petites
et moyennes sociétés de biotech ou de biopharma d’investir
à coût réduit dans une ligne de bioproduction entièrement
jetable leur offrant de plus une souplesse d’utilisation plus
importante que les installations traditionnelles aujourd’hui réservées
aux CMOs et aux majors biopharmas», commente Xavier REVEST,
Consultant, Business unit Biotechnologies et Innovation, ALCIMED De
surcroît, la construction de chaînes de production jetables,
potentiellement 3 à 4 fois plus rapide que les chaînes
de production classiques pourrait être une solution face à
l’urgence de la production de certains traitement, en particulier
de vaccins répondant aux différentes menaces de pandémies
mondiales, l’exemple du passage à l’homme du virus
de la grippe aviaire étant l’un des plus prégnants
aujourd’hui.
«Dans cette course à la réduction des coûts
en bioproduction, il faut souligner d’autres solutions actuellement
à l’étude, telles le développement de lignées
cellulaires à haut rendement ou la production de biomédicaments
de haute activité pouvant laisser entrevoir des perspectives
prometteuses», conclut Louis-marie BACHELOT, Responsable
de mission, Business unit Biotechnologies et Innovation, ALCIMED.